Des années 30 à la fin de la seconde guerre mondiale


Les années 30 furent un véritable âge d’or pour les Yakuzas. Au Japon, la guerre de conquête en Asie permettait d’étendre l’assise financière des bandes, qui profitaient pleinement de cet afflux d’argent exceptionnel. Les Yakuzas prirent ainsi le contrôle des ports. A Kobe par exemple, ils constituèrent des équipes de bons à rien dont ils vendaient le travail très au-dessus des tarifs réguliers à des entreprises portuaires en quête de manœuvres dociles. Ce trafic était si lucratif qu’il entraîna certains oyabun dans d’inexpiables batailles. A Kobe, la bande qui en sortit victorieuse fut le Yamaguchi-gumi, sous l’efficace commandement de Kazuo Taoka.                    

En Asie, ils coopérèrent avec les militaires en s’installant en Chine et en Mandchourie durant l’invasion des années 30. Ils participèrent ainsi au programme de « développement agricole ». Pour les bandes japonaises, l’exploitation de la riche Mandchourie était celle de tous les Chinois. Selon un universitaire, ce fut « l’apogée des yakuzas, un retour au bon vieux temps de la féodalité ». L’une des activités les plus attrayantes aux yeux de ces bandits était leur participation aux activités du monopole de l’opium qui avait pour double fonction de procurer des ressources au pouvoir japonais et d’affaiblir par la drogue la résistance chinoise. Les japonais ne faisaient en cela que tirer les leçons de l’expérience britannique, antérieure d’un siècle. D’après les militaires japonais, la politique de « narcotisation » de la Chine leur rapportait 300 millions de dollars par an. Les sommes non utilisées pour l’achat des consciences allaient au développement industriel des terres occupées.   

Le bombardement de Pearl Harbor devait bouleverser la situation confortable des yakuzas. Avec l’ouverture de la guerre à l’Ouest, les relations privilégiées du gouvernement japonais avec l’extrême droite et les yakuzas furent brutalement interrompues. Le cabinet de guerre ayant satisfait tous les souhaits de la grande industrie et de l’armée n’avait plus besoin de ces forces d’appoint qu’étaient les groupes d’extrême droite et les organisations  criminelles. Les extrémistes les plus hauts placés rallièrent le gouvernement ou furent incarcérés. De même, les yakuzas endossèrent l’uniforme ou moisirent en prison. Kazuo Taoka fut de ces derniers. Il passa la guerre dans une cellule, à lire la vie de Toyama et les exploits de la société de l’Océan noir.

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